La science est une entreprise de recherche qui vise la
connaissance. Elle cherche à décrire, à expliquer et à prédire les phénomènes
en identifiant les liens de cause à effet qui les unissent.
La
technique est une activité de fabrication et de transformation. Elle consiste à
manipuler une matière pour produire un objet (matériel ou immatériel). Cette
activité étant parfois très complexe de nos jours, on utilise le terme «
technologie » pour parler de certains domaines techniques spécifiques.
Traditionnellement, on voyait la
science et la technique comme deux disciplines distinctes : connaître le monde
et fabriquer des objets étaient des activités indépendantes l'une de l'autre.
Puis, au 19e siècle, on a commencé à améliorer la technique au moyen
des connaissances scientifiques. On concevait alors celle-ci comme dépendante
de la science. Enfin, dans la deuxième moitié du 20e siècle,
une interaction croissante entre science et technique s'est mise en place.
Cette interaction est
particulièrement manifeste aujourd’hui. D'une part, la recherche scientifique
est de plus en plus dépendante de la technologie. Elle requiert souvent des
instruments très élaborés : pensons aux neurosciences cognitives qui font appel
à l'imagerie cérébrale informatisée. De plus, des percées techniques permettent
d'éclairer les scientifiques sur certains phénomènes : par exemple, les
organismes génétiquement modifiés (OGM) ont amélioré la compréhension de la
biologie végétale et de maladies humaines à composante génétique. D'autre part,
la technique est plus que jamais le produit du progrès scientifique : pensons
aux technologies de procréation assistée, aux matériaux nanotechnologiques ou à la titrisation en finance.
Bref,
science et technique sont devenues dépendantes l'une de l'autre, et se
développer souvent main dans la main. Un tel enchevêtrement a conduit certains
penseurs à proposer le terme « technoscience » pour désigner ce couple. À l'ère
de la technoscience, notre pouvoir sur la nature s’est étendu radicalement, au
point de transformer l'horizon du possible : la médecine prolonge la vie de
personnes gravement malades et maintient en vie des bébés dits « grands
prématurés »; des couples infertiles deviennent parents grâce à la fécondation
in vitro; on crée même des êtres aux caractéristiques génétiques prédéterminées
en manipulant le « code » du vivant animal et végétal.